Se préparer au combat:
Il y a bientôt soixante ans que je pratique et enseigne la boxe française, mais aussi d'autres formes de combat.C'est pas pour autant que je me crois arrivé.
(l'expérience est une lanterne accrochée dans le dos qui n'éclaire que le chemin déjà parcouru". Très tôt j'ai eu le sentiment que la pratique d'une seule discipline ne permettait pas d'être efficace dans un vrai combat, quel qu'il soit, ce qui m'a poussé à diversifier mes recherches. De nature curieuse, éclectique, j'ai à peu près tout essayé, avec plus ou moins de bonheur, et même si je n'ai que très peu connu certaines d'entre elles, j'en ai toujours tiré quelque chose.
Je me suis vite aperçu que la technique, bien que nécessaire n’était pas le seul élément permettant la réussite, le mental est donc primordial.
Mes trois années passées en discothèque comme portier m'ont ouvert l'esprit.
Je me suis bien sûr immédiatement intéressé aux travaux de tous mes confrères en ce qui concerne le stress et nous nous rejoignons, ce qui est normal quand on prend le même chemin.Néanmoins j'ai trouvé que les recherches menées dans ce domaine par mes collègues et amis manquaient de "développement". Je me suis donc intéressé au problème plus intensément ,étant issu d'un groupe dans lequel on côtoie le danger en permanence cela devenait vital.
Il n'existe pas de livre ou de recette permettant de sortir vainqueur demain d'un hypothétique combat. Des recettes il n'y en a pas, ou plutôt il y en a trop : presque autant qu'il y a de styles ! Si je n'ai qu'un conseil à donner, ce sera celui-ci : ne jamais s'imaginer bien armé face au combat, sûr d'en savoir assez pour faire face à toutes situations. Il n'y a qu'un maître-mot pour espérer sortir par le haut d'une confrontation , l'évitement d'abord, trouver de bonnes raisons de ne pas laisser parler ses nerfs ou son orgueil. Apprendre ensuite, encore et toujours, s'entraîner comme un élève éternel. « On ne peut pas tout savoir, mais on doit savoir qu'on ne sait pas tout ». On doit savoir que le meilleur moyen de rester dans la course est encore de se remettre perpétuellement en question : les techniques de combat sont en permanente mutation. Si on n'avance plus on commence à reculer.
Je ne suis sûr de rien, ou presque, mais je suis sûr d'une chose au moins : le combat est loin d'être une science exacte. Quelle que soit la discipline ou la tactique employée, il y a tellement de paramètres qui entrent en jeu que la technique proprement dite ne représente qu'un facteur de réussite parmi d'autres : elle est évidemment loin d'être négligeable, mais elle n'est en aucun cas déterminante à elle seule.
Des livres de qualité, il en existe déjà beaucoup sur toutes les disciplines. En revanche, il me paraît très intéressant d'aborder l'aspect « émotionnel » du combat, ce que l'on peut ressentir avant, pendant et après une confrontation.
Si Charlemont (le fondateur de la boxe, française) revenait sur terre aujourd'hui, il ne serait pas en mesure de transmettre quoi que ce soit à nos champions. En revanche, il pourrait découvrir peut-être certaines améliorations, améliorations qui n'ont été possibles, quoi qu'en disent les anciens, que dans la mesure où la savate s'est frottée aux autres disciplines. Le conformisme des arts martiaux traditionnels n'a pas permis à leurs techniciens de s'adapter aux conditions réelles de la vie contemporaine et de trouver la clé d'une self-défense efficace. On impose aux pratiquants, dans les dojos les plus anciens, des mouvements totalement dépassés sous le prétexte qu'il s'agit de conserver un patrimoine culturel ancestral.
Je suis complètement d'accord sur le fait d'entretenir ces traditions, mais ne mélangeons pas , j'ai d'ailleurs plusieurs amis 7 eme Dan de Karaté qui pratiquent le self défense, la boxe de rue et le bâton chez moi. Ils conviennent que ces nouvelles pratiques les aident dans leur karaté traditionnel, car de toute façon il y a énormément de similitudes dans la gestuelle. "il n'y a pas cinquante façon de combattre ,il n'y en a que deux (la bonne et la mauvaise).
C'est ici que se situe pour moi la différence essentielle entre l'art martial et le sport de combat. Ce dernier se doit de répondre à un souci d'efficacité : il doit évoluer et s'adapter sans cesse, ce dont se moquent bien certains enseignants d'arts martiaux traditionnels qui continuent imperturbablement d'enseigner la maîtrise du sabre alors que le port de cette arme sera de toute façon interdit! Quant au mythe du vieil asiatique capable de terrasser une poignée de costauds d'un seul coup, comme par enchantement, je peux dire, pour avoir beaucoup voyagé, qu'il fait bien rire... les asiatiques eux-mêmes, à commencer par les vieux sages qui n'iraient pas risquer la blessure pour rien, en s'attaquant à la jeunesse !
Malgré une certaine expérience, je dis souvent à mes élèves que si je leur donnait un vrai couteau et qu'ils me portent de "vraies attaques", je serais probablement très vite blessé .Le monde change, la nature des attaques et le profil-type des agresseurs ne sont plus les mêmes. On a vu apparaître de nouvelles criminalités dues notamment à la dépendance à certains produits stupéfiants. De même, l'abus d'alcool chez certains jeunes est un phénomène qui a tendance à se banaliser, donnant naissance à de nouvelles violences multiformes. Les risques sont inchangés, mais les peines encourues sont beaucoup plus élevées pour celui qui a réussi à sauver sa vie au détriment de son agresseur. On excusera plus volontiers celui qui s'en sort mal, voire très mal, quand bien même il est avéré qu'il a bien été l'agresseur, que celui qui pour se défendre a su trouver les gestes efficaces et décisifs. Pour avoir souvent connu des situations à risques, je peux vous assurer qu’il n’est pas toujours aisé de restituer les techniques apprises, si elles ne sont pas enregistrées et automatisées.
Puis ces derniers mois nous avons vu apparaître une criminalité due à un certain fanatisme religieux, jusque là plutôt larvée, cette criminalité est menée par des fous extrémistes qui veulent ré instaurer par la terreur, un mode de vie moyenâgeux en massacrant tous ceux qu’ils estiment être des mécréants ou des non croyants.
Le phénomène « amok » se multiplie aussi, un type « pète les plombs » et décide d’assassiner un maximum de monde avant de se donner la mort ou de se faire abattre. Des gens qui parfois veulent simplement en finir mais n’ont pas le courage de se donner la mort « les suicides by cop », ou veulent un retentissement médiatique et que l’on parle d’eux, (parfois les deux). Aujourd'hui, l'insécurité semble être la préoccupation première de nos concitoyens.
Une technique, afin d'être efficace, doit être adoptée par les personnes censées garantir la sécurité du pays et de son peuple. Elle doit devenir, à force de répétitions, une action-réflexe : c'est là le seul moyen de trouver la clé de l'efficacité instantanée. S'il existe un domaine où il faut constamment avancer, c'est bien le combat, surtout quand on est policier.
On sait que la délinquance est souvent à la pointe du progrès ; pour les forces de l'ordre, la stagnation devient très vite l'antichambre de la régression. Un policier qui n'est pas préparé n'est ni plus ni moins qu'un lion sans griffes.
Vouloir être policier ou gendarme suppose de se donner les moyens de son action. Les voyous ne sont plus impressionnés, ni par la tenue, ni même par l'arme des forces de l'ordre.
"Un Policier qui ne pratique pas c'est un maître nageur qui ne sait pas nager."
Il arrive un moment où seul l'usage de la force (juste et mesurée) peut porter ses fruits. Mais la formation technique ne vaut rien sans les moyens physiques, la préparation mentale et la volonté d'agir qui permettront de l'appliquer.
Le savoir
Le vouloir
Le pouvoir
SVP
A bon entendeur ...
Robert Paturel
Diplômé d’état BEES 2 Boxe française
Champion de France et d’Europe
Fondateur de la méthode tonfa sécurité
Fondateur de la méthode boxe de rue